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Arâches, Les Carroz, Magland |
La partie moyenne de la cluse de l'Arve est dominée, en rive droite, par une falaise urgonienne continue, presque horizontale. C'est au dessus de ce rebord que la station des Carroz d'Arâches s'est développée, sur le replat déterminé par les marno-calcaires nummulitiques et sous les pentes boisées qui recouvrent le flysch gréseux nummulitique (Grès de Taveyanne).
Au point de vue de la structure régionale les couches y dessinent une cuverte très ouverte qui correspond à la réapparition du large fond du grand synclinal du Criou de la coupe du Giffre et qui se prolonge par l'ondulation synclinale des alpages de Vormy, sur l'autre rive de l'Arve (voir la page "Romme"). L'axe de ce synclinal est nettement incliné vers le NE : c'est ce dont témoigne la différence d'altitude entre la sommet de la barre urgonienne sur la transversale de Magland, où elle atteint 1000 m en rive droite (Rochers des Gérats), contre 1600 m en rive gauche (Les Lays).
Du côté nord (à l'ouest d'Araches) cette extrême simplicité du plateau des Carroz masque en réalité des complications de détail qui affectent la partie plus basse de sa structure et que la coupe de l'Arve révèle à la faveur des falaises de sa rive droite (elles y sont bien visibles depuis le fond de vallée mais surtout depuis les pentes de rive gauche, depuis Romme et depuis les alpages de Vormy). L'analyse et l'interprétation qui en sont données ci-après résulte des travaux de J.L. PAIRIS (1977).
La plus septentrionale de ces complications tectoniques, et aussi la plus évidente, est le chevauchement de Balme, accident que l'on observe aisément le long du tracé de la route montant depuis le village de Balme vers Arâches. Il y est très bien caractérisé par son pendage sub-horizontal et par le fait que la barre urgonienne, disposée à l'endroit, y repose sur des couches plus récentes.
On observe en outre que ces couches chevauchées, constituées par les marno-calcaires nummulitiques qui recouvrent stratigraphiquement le Sénonien et l'Urgonien qui affleurent en bas de pentes au village de Balme, sont séparées de la barre urgonienne forment par une lame de calcaires sénoniens. Or on observe plus au nord, en rive gauche du Ruisseau des Rots, que cette lame sénonienne représente le prolongement étiré de couches qui bordent du côté nord l'Urgonien de la lèvre chevauchante et qui en sont séparées par une cassure extensive à compartiment septentrional abaissé (voir cliché et schéma ci-après). L'interprétation expliquant cette disposition est que le chevauchement de Balme recoupe et décale vers le NW cette cassure (nommée, sans grand bonheur, la "faille de Balme") dont le tracé sous le chevauchement doit être plus méridional : Originellement cette faille de Balme remontait, par un jeu extensif, son compartiment sud (les Rochers de Balme) par rapport à son compartiment nord constitué par les rochers sur lequels s'appuie le village de Balme. |
Immédiatement plus au sud, entre Balme et Magland, l'analyse des falaises met en évidence plusieurs failles à tracé assez contourné dont l'analyse tend à confirmer l'interprétation donnée pour la faille et le chevauchement de Balme : il s'avère en effet qu'il s'agit de cassures à fort pendage, qui sont recoupées en tronçons par des surfaces de chevauchement qui les décalent selon une vergence apparemment nord (mais difficile à préciser, sur ces falaises orientées N-S) : le pendage moyen, vers le SE, de la cassure sinueuse résultante s'en trouve sensiblement atténué.
![]() Coupe détaillée de la rive droite de l'Arve à la latitude d'Arâches, entre Balme et Magland par J.L. PAIRIS (extrait de Charolais et al, 1977), retouché (N.B : 5 à 7 = calcaires nummulitiques ; 3 (Gault) = Albien). L'Urgonien du flanc sud-est de l'anticlinal du Bargy est abaissé par la faille de l'Arberroz (FA), à composante de rejet extensif, qui correspond à peu près au prolongement de la faille de la Colombière. Plus au sud, à Balme, il s'engage sous le chevauchement de Balme ØB, qui sectionne la faille de Balme (FB) et en transporte vers le nord-ouest le tronçon supérieur. Il fait probablement de même vis-à-vis de la faille du Sangle (FS). Le même schéma s'applique au chevauchement de Magland ØM, qui sectionne et cisaille la faille de Magland (FM). Ceci se déduit surtout des observations faites en rive opposée de l'Arve car sur cette rive les tronçons inférieurs de ces cassures sont masqués sous le niveau de la vallée de l'Arve. Il est clair que la faille du Sangle a un rejet extensif ; celle de Magland avait sans doute un rejet de même type mais symétrique (avec le compartiment gauche abaissé), avant que sa surface de cassure ait été basculée par le cisaillement lié au chevauchement de Magland. |
On trouvera ci-dessous une autre analyse interprétative, qui met en évidence, plus dans le détail, des déformations par glissement couches sur couches au sein de la pile de strates (et notamment de l'Urgonien) ...
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On reconnaît en fait sans difficulté, dans ce dispositif, le thème général de la déformation des failles extensives anciennes par un cisaillement à vergence nord-ouest, lequel est illustré par beaucoup d'autres exemples dans les deux massifs des Bornes et de Sixt.
Le schéma cartographique de la vallée de l'Arve (voir ci-après), conforme à l'interprétation ci-dessus, est basé sur cette observation qui montre l'existence, sur les deux rives, de failles sub-verticales, d'âge reconnu comme anté ou syn-Nummulitique, qui sont recoupées et transportées, du SE vers le NW, par des surfaces de chevauchements presque horizontales.
Cela aboutit évidemment à un entrecroisement assez complexe à déméler des accidents affectant les versants de la vallée, d'autant qu'une partie non négligeable de ce dispositif est masquée par le couvert ébouleux et végétal. D'autre part l'orthogonalité de la vallée par rapport aux lignes structurales porte à s'attendre à observer, d'un versant à l'autre, le même dessin des structures simplement inversé comme dans un miroir. Or ce n'est pas le cas et les correspondances entre ces deux versants ne sont pas évidentes (voir la page "Romme") . Cette différence entre l'aspect des coupes offertes par ces deux versants découle en fait de l'inclinaison générale des couches, qui pendent avec une inclinaison de près de 20° depuis la rive gauche en direction de la rive droite (600 m pour 2 km = 30% ) et des plongements axiaux qui en découlent. Cette pente a pour effet que la partie inférieure du dispositif structural, qui est visible dans les pentes inférieures de la rive gauche, est par contre cachée en profondeur, en rive droite, sous les éboulis et alluvions fluviatiles. Dans les basses pentes de la rive gauche l'importance des placages morainiques masque d'autre part assez largement les affleurements de leur substratum : tout ceci laisse finalement subsister pas mal d'incertitudes quant aux raccords entre les structures visibles sur les deux rives opposées. |
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Les accidents, de différents
types, sont rangés ci-après dans l'ordre d'ancienneté
décroissante de leur formation : version plus grande |
Carte structurale schématique des abords de la Cluse de l'Arve, montrant les rapports entre le massif de Platé
et la chaîne
des Aravis.
On notera
que ce schéma ne fait état d'aucun accident tectonique (faille
ou ensellement transversal aux plis) qui pourrait avoir été susceptible de diriger l'entaille fluviatile de la cluse de l'Arve. En effet on met fort bien
en corrélation les structures d'une rive à l'autre
et, de plus, la continuité entre les deux rives est absolue aux abords amont de Cluses.
(il est à signaler que l'interprétation adoptée sur ce schéma est
un peu différente de celle de la carte géologique au 1/50.000°
feuille Cluses, notamment en ce qui concerne le tracé des
accidents chevauchants et des tronçons de cassures masqués).
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cartes
géologiques au 1/50.000° à consulter :
feuille Cluses
.
Carte géologique très simplifiée
de l'extrémité nord-ouest du Haut Giffre,
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074.
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(Romme) |
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