Les Brévières, La Savinaz, La Gurraz
gorges de l'Isère en aval du barrage de Tignes (revers sud-est du Pourri)

Dans la partie de son cours qui va de Tignes (Les-Boisses), jusqu'au village de La Gurraz, proche de Sainte-Foy, le talweg de l'Isère suit grossièrement une ligne SSE-NNW, au pied oriental du massif du Mont Pourri.

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Le chaînon du Mont Pourri (vu de l'Est), vue pseudo aérienne d'après une image extraite de "google-earth")
éc.mésoz. = écailles imbriquées de matériel briançonnais (triasique et plus récent) ; Socle crist. socle cristallin de la Vanoise septentrionale (paléozoïque anté-permien métamorphique) et lambeaux mésozoïque adhérents.
ØVs = chevauchement de la Vanoise septentrionale sur la zone houillère ; ØSL : surface de chevauchement des nappes de schistes lustrés ; ØSa = chevauchement de La Sache (rétro-charriage du socle cristallin sur le mésozoïque briançonnais) ; f.Br = faille des Brévières ; f.Da = faille de La Davie.

Cette ligne correspond à la juxtaposition de deux domaines majeurs : à l'ouest celui, briançonnais, des gneiss et micaschistes du socle cristallin qui forment le massif du Mont Pourri ; à l'est celui des nappes de schistes lustrés formant les crêtes frontalières au nord de la Grande Sassière mais qui s'abaissent plus au NW jusqu'au niveau du cours de l'Isère. Cette disposition des masses rocheuses se traduit dans le relief par le fait que le talweg de l'Isère y devient fortement encaissé avec un profil transversal de sa vallée qui est très dissymétrique, haut et abrupt en rive gauche, moins élevé et surtout beaucoup plus doucement incliné vers le talweg en rive droite (ce qui résulte clairement du fort contraste de résistance à l'érosion mécanique, fluviatile et glaciaire, entre les roches prédominantes de ses deux versants).

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Les gorges de l'Isère et le barrage de Tignes vus d'aval depuis la D.202 sous le hameau du Villaret.
L'échine sub-horizontale du village, que prolonge la crête du barrage, correspond au sommet du verrou du Chevril qu'entaillent les gorges de l'Isère.
s0 = disposition du pendage des strates ; f.Br = faille des Brévières.


Immédiatement en aval du barrage de Tignes, l'Isère avait creusé dans le revers nord du Verrou des Boisses, en contrebas du village du Chevril, des gorges qui débouchent, à peine 2 kilomètres en aval, à un petit plan alluvial occupé par le village des Brévières.

Le tracé de cette gorge, au pied des escarpements supportant le village des Boisses, est visiblement déterminé par une cassure majeure, la faille des Brévières. Sa lèvre occidentale, saillante, sert d'appui au barrage tandis que son tracé, qui est suivi par le lit de la rivière du côté aval, s'écarte du talweg en rive droite, du côté amont, pour s'y élever à flanc de pente. Ce tracé très rectiligne correspond là a un pendage très redressé, lequel suggère qu'elle ait eu un jeu coulissant.

En fait son rejet a une composante verticale d'abaissement de sa lèvre orientale car cette dernière est constituée par une succession rocheuse qui la rattache au socle cristallin du Mont Pourri. Mais l'extension accrue vers le sud auquel cela correspond pour ce dernier dans cette lèvre implique bien son décalage par un jeu en coulissement dextre.

Dans les pentes de rive gauche de l'Isère le socle cristallin du Mont Pourri n'affleure en effet que beaucoup plus haut et repose sur les quartzites des Boisses par l'intermédiaire du chevauchement de la Sache. Ce dernier suit les basses pentes du versant septentrional du vallon de la Sache puis de celui de la Sachette (voir la page "Tourne") et a été traversé par la galerie souterraine EDF qui passe sous les Rochers de la Grande Parei (il y est souligné par un niveau de cargneules). À sa faveur le socle cristallin du Mont Pourri s'avance vers le sud-est (donc en "rétro-chevauchement") par dessus le prolongement de s quartzites triasiques du verrou des Boisses.
Par ailleurs ce socle est affecté d'accidents satellites (plis et/ou failles inverses) également rétro-chevauchants : ce sont sans doute ceux-ci qui sont étirés en coulissement dextre par le jeu de la faille des Brévières.


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La vallée de l'Isère en aval du barrage du Chevril vue du sud-est, depuis l'appui oriental du barrage du Chevril.
ØS = chevauchement de La Sache (rive gauche) et du Saut (rive droite) ; Øa, Øb, Øc = surfaces de chevauchement des écailles imbriquées de quartzites triasiques (entraînées sous le chevauchement principal) : l'écaille inférieure, qui supporte le village des Boisses, correspond à l'écaille du Franchet (voir le cliché de la rive droite du lac)
f.Br = faille des Brévières.
noter la présence, sur les pentes du Dôme de la Sache, de marbres et brèches jurassiques (J), qui reposent directement sur les micaschistes du socle de la Vanoise septentrionale. Ces couches sont conservés ici dans des replis synclinaux rétrodéversés (ouverts vers le sud-est) de la surface du socle ; des couches similaires coiffent aussi les micaschistes dominant le village du Chevril.

Plus précisément la faille des Brévières juxtapose aux quartzites faiblement pentés du verrou des Boisses une lame de calcschistes du Crétacé supérieur qui est doublée du côté est par une lame de schistes permiens puis par des micaschistes (ces derniers supportant à leur tour des brèches jurassiques).

 Ces affleurements, attribuables au socle cristallin du Pourri et à sa couverture, se poursuivent au sud-est du village du Chevril, au sommet des escarpements qui tombent dans le lac, jusqu'au village du Saut et même au-delà (voir la page "Tignes Chevril"). Mais leur contact basal n'y a plus qu'un pendage faible, vers le nord-est, de sorte que leur présence y témoigne plutôt d'un chevauchement (chevauchement du Saut : voir la page "Grande Sassière").
Ce raccord transitionnel, qui fait passer du coulissement de la faille des Brévières au chevauchement du Saut, suggère que coulissement et chevauchement aient fonctionné de façon contemporaine.

Plus en aval que les Brévières, jusqu'au village de La Gurraz, les gorges de l'Isère entaillent le revers sud est du bloc cristallin du Mont Pourri. Elles en suivent grossièrement la limite orientale, qui juxtapose le plus souvent de façon directe ses gneiss et micaschistes aux schistes lustrés des nappes ligures qui occupent l'essentiel du versant oriental de la vallée, jusqu'à la crête septentrionale de la Grande Sassière.
Ces gorges, pourtant profondes et assez peu sinueuses, ne s'écartent cependant que peu de ce contact tectonique majeur, fait qui met en évidence le fait qu'il a en outre un pendage vers l'est globalement très accentué. Cela conduit à se demander si ce contact, bien que fondamentalement chevauchant, n'a pas comporté dans son jeu une bonne part de coulissement nord-sud (sans doute dextre, à l'instar de celui de la faille des Brévières).

 


aperçu général sur la Vanoise

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Tignes et Sainte-Foy.

Carte géologique simplifiée des abords du Mont Pourri

redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines > plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges


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