Crêtes du Margériaz, col des Prés

le petit chaînon qui sépare la vallée de la Leysse de celle des Aillons

La montagne du Margériaz (1845 m) a le profil caractéristique d'un rebord de plateau, car c'est un crêt* très peu incliné vers l'est. Son pied occidental est traversé, en bas du raide talus qui soutient sa falaise, par une importante surface tectonique, le chevauchement du Margériaz. Le tracé de cet accident se repère aisément car il fait reposer les calcaires du Fontanil (qui donnent des falaises rousses) sur l'Oligocène de la dépression des Déserts (qui détermine des pentes beaucoup plus molles), même s'il est souvent masqué par une jupe d'éboulis, voire par des paquets tassés plus ou moins disloqués.

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Le versant ouest de la Montagne du Margériaz, vu de l'ouest, depuis le sommet du Nivolet.
ØM = chevauchement du Margériaz ; f.D = faille de la Doria ; f.VN = faille septentrionale de la Verne ; f.Vs = faille méridionale de la Verne.
Le verrou rocheux urgonien qui ferme la dépression des Déserts du côté aval (à droite) représente un horst soulevé par la faille transverse de la Doria, qui prolonge vers l'est le panneau urgonien de la montagne du Peney.
On a délimité quelques amas de débris rocheux glissés sur le versant : le paquet de matériel glissé du plateau des Carres, le paquet éboulé à l'aplomb du sommet1784 et la coulée de blocs de calcaires du Fontanil, mêlés de marnes de Narbonne provenant du grand arrachement sous le sommet 1845.





figure plus grande
Coupe transversale schématique de la dépression des Déserts

La combe monoclinale des Déserts, allongée N-S, est barrée du côté sud par une barre urgonienne, transversale au cours de la Leysse, qui est surélevée par la faille de la Doria , d'orientation presque E-W (voir les pages Nivolet et Peney). Le tracé de celle-ci est très oblique (presque orthogonal) au tracé du chevauchement du Margériaz et, de ce fait cette faille apparaît a priori comme une structure sans rapport direct avec la formation de ce chevauchement .

Au sud de cette faille apparaissent diverses complications qui sont figurées sur le cliché ci-après . L'analyse des rapports entre ces divers accidents et avec le chevauchement du Margériaz est développée à la page Peney. La conclusion la plus importante est que la surface de chevauchement du Margériaz se trouve reportée là presque jusqu'au lit de la Leysse, soit de presque 2 km vers l'ouest, par le jeu d'une déchirure transverse aboutissant au village de Thorméroz.

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Le versant sud-occidental du Margériaz
, vu du S-SW depuis la D11, peu au nord de Curienne.
s.M = synclinal du Margériaz (sur le revers de la crête) ; ØM = chevauchement du Margériaz. Noter l'absence de rebroussement des couches de l'Urgonien chevauché par rapport à celui chevauchant : il n'y a pas là de pli-faille mais une faille plate dont la surface de chevauchement correspond, au nord de la Fougère, à la base des calcaires du Fontanil.
f.R = faille des Rochettes ; f.P = faille de La Palud ; f.F = faille de La Fougère.
Ol.gv = Grès verts oligocènes des Déserts ; Ol.gb = Grès bruns éocènes de la Doria (voir l'aperçu stratigraphique).

Au sud du village de Thorméroz on perd le tracé du chevauchement dans les pentes des environs de Thoiry. La raison première en est l'importance du couvert quaternaire par les alluvions fluvio-glaciaires qui se sont accumulées dans cette zone déprimée (mais ce hiatus d'observation des terrains plus anciens est gravement préjudiciable à l'élucidation de la structure de ce secteur).

Au revers oriental du crêt que dessinent les falaises du Margériaz, la dalle urgonienne du descend doucement jusqu'à disparaître, en bas de pente, en s'enfonçant sous les terrains nummulitiques du coeur du synclinal des Aillons. Elle est cependant loin d'être rigoureusement plane, au contraire de ce que laisserait croire la vue que l'on en a depuis l'ouest (le rentrant que dessine la falaise au sud du sommet du Margériaz est la principale cause de cette illusion d'optique) : elle présente au contraire des ondulations amples, d'orientation NE-SW, c'est-à-dire franchement obliques au rebord de falaise comme à l'axe du synclinal des Aillons.

 Il est significatif que ces ondulations, orientées N45, affectent aussi l'axe du synclinal des Aillons, orienté en moyenne N20, mais qui se tord d'une vingtaine de degrés à leur passage : il s'agit donc de plis tardifs, qui semblent d'ailleurs affecter aussi la surface de chevauchement du Margériaz (voir la page "Peney"). Leur origine et leur place dans le contexte régional sont examinés à la page "Rossanaz", à propos du décrochement de La Compôte.


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La partie méridionale du chaînon du Margériaz vue du sud depuis le sommet de la Galoppaz.
- A/ Sous cet angle, qui montre d'enfilade la longue corniche sinueuse du Margériaz, on voit que sa dalle urgonienne, très peu inclinée vers le sommet, s'infléchit pour plonger un peu plus fortement sous la vallée des Aillons.
Le raccourci perspectif met bien en évidence les amples ondulations NE-SW, qui affectent cette dalle urgonienne et leur disposition transverse par rapport au synclinal des Aillons (s.A) : ce sont le trans-synclinal du col des Prés (s.CP), le trans-anticlinal du Mont de la Croix (a.C) et le trans-synclinal du Margériaz (sM).
Ce dernier pli représente apparemment le prolongement oriental du synclinal de la Doria, qui traverse transversalement la dépression des Déserts.
L'anticlinal du Mont de la Croix, quant à lui, semble moulé sur l'éperon d'Urgonien qui forme le flanc sud du synclinal de la Doria (Roc de la Chavonne) et qui est tranché par le décrochement de la Doria (d.D).
- B/ Noter qu'au débouché amont des gorges de la Reysse, la limite Nummulitique - Urgonien et celle (tiret fins) entre les calcaires nummulitiques (Nc) et les marnes à Meletta (Nm) viennent se raccorder au tracé de la faille du Céty (f.C) : ce dessin des contours entre les formations traduit le fait que cette faille est cachetée par les dépôts du Nummulitique.
À l'ouest de la ligne sinueuse du crêt du Margériaz le regard plonge sur la dépression monoclinale des Déserts et de Thoiry : ØM = chevauchement du Margériaz .


D'autre part, alors que les dépôts nummulitiques reposent directement sur l'Urgonien du flanc ouest du synclinal, on constate partout qu'il s'intercale une bonne épaisseur de Sénonien sous le Nummulitique du flanc oriental du pli. Cette disposition très dissymétrique s'inscrit évidemment dans le cadre général de l'érosion anté- et syn-Nummulitique, qui a décapé les terrains antérieurs à l'Éocène jusqu'à des niveaux de plus en plus profonds, d'est en ouest.

concernant la stratigraphie du Tertiaire on se reportera aux développements de la page Bauges occidentales.

Mais il faut ajouter que le Margériaz appartenait, au Nummulitique, au compartiment occidental, surélevé, d'une faille d'extension, la faille du Céty, qui a été cachetée* par les dépôts Nummulitique. On constate en effet, notamment dans le versant sud du Mont Céty, que les couches du Sénonien ne s'amincissent pas progressivement d'est en ouest, mais butent franchement contre l'Hauterivien de la lèvre occidentale de la faille du Céty (voir la coupe du synclinal à la latitude du Mont Céty).
La présence de l'abrupt créé par le jeu de cette faille a été à l'origine de la disparition brutale du Sénonien, enlevé par l'érosion anté-Nummulitique, dans la lèvre occidentale, soulevée, de la faille.

 Au sud du col des Prés, dans la coupe du torrent de la Reysse, le Nummulitique s'appuie contre la lèvre ouest de la faille par l'intermédiaire d'un enduit de calcaires gréseux qui en tapisse le miroir, avant de recouvrir les affleurements de Sénonien du fond de la gorge (voir la page "Galoppaz") .
Au nord du col des Prés, la faille ne réapparaît pas à l'affleurement, mais elle doit se prolonger, masquée sous le Nummulitique des abords ouest du coeur du synclinal, car le Sénonien est toujours absent du flanc ouest du pli et épais sur son flanc oriental (voir la coupe du synclinal à la latitude d'Aillon le Jeune).

En direction du nord la grande dalle monoclinale du Margériaz se poursuit de façon quasiment plane et rectiligne presque jusqu'à la vallée du Chéran, les abrupts de son crêt tombant sur le vallon de Saint-François et son revers constituant le versant occidental de la vallée des Aillons.

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L'extrémité septentrionale du vallon de Plainpalais - Lescheraines, vue du sud, depuis la crête du Margériaz (sommet 1832) : la partie septentrionale de cette crête est vue d'enfilade.
a.S = anticlinal du Semnoz ; a.M = anticlinal de la Motte ; s.E = synclinal d'Entrevernes
Ø.M = chevauchement du Margériaz ; d.M = décrochement de Mont ; ØrB = chevauchement du Roc des Boeufs.


C'est à la latitude de Lescheraines que l'on observe les affleurements les plus septentrionaux de la succession chevauchante du Margériaz : ce sont ceux de l'Urgonien du tournant saillant de la D.59 entre les localités de Rossillon et de Villaret Rouge. Au nord de cette latitude on perd brutalement toute trace de la dalle chevauchante du Margériaz.

Le secteur correspondant à cette disparition est une zone du fond de la vallée du Chéran où le bedrock rocheux est largement masqué par les alluvions quaternaires. Le fait que cet accident ne réapparaisse pas au nord de cette rivière, dans le coeur du synclinal de Leschaux (où l'orientation de son tracé devrait pourtant le conduire) est étonnant car il ne montre pas, au préalable, d'indice d'atténuation : cette interruption a donc nécessairement une origine tectonique, mais celle-ci reste conjecturale (cette question est examinée à la page "Aillon-Noyer").

Dans ce contexte on doit cependant se rappeler que la dalle du Margériaz se situe sensiblement à la limite occidentale atteinte par la mer priabonienne, au delà de laquelle le substatum crétacé est resté émergé, a été érodé et n'a reçu que des dépôts continentaux : on peut donc se demander si son "détachement" initial (voir la page "Aillon-Noyer") ne correspond pas à une faille éocène extensive, à rejet symétrique de la faille du Céty (voir la page "Galoppaz") , à l'ouest de laquelle serait affaissé le petit bassin continental des Déserts.

 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Chambéry


légende des couleurs (nouvelle fenêtre)
Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

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