Le lac des Béraudes est un lac de verrou
dont la cuvette a été affouillée par un glacier
local, totalement fondu de nos jours. Elle est creusée
dans les marbres en plaquettes (calcschistes planctoniques néocrétacés)
du coeur du synclinal des Cerces. Son verrou est, quant à
lui, armé par une barre presque verticale de calcaires
et de dolomies triasiques qui affleurent en contrebas est, versant
Clarée.
image sensible au survol et au clic

La rive méridionale du lac des Béraudes, vue du nord depuis la rive opposée.
La Pointe des Béraudes est formée de brèches
massives à gros blocs de Trias (on en distingue certains
à distance). Le trait rouge souligne le contact basal des
marbres en plaquettes néocrétacés. On a également
indiqué une ondulation, bien visible mais peu importante,
des couches du flanc oriental du synclinal des Cerces.
Mais au niveau du lac, notamment sur la rive
septentrionale où les affleurements sont le plus accessibles,
on constate l'absence, entre ces deux formations, de tous les
termes jurassiques intermédiaires habituels. Ils y sont
remplacés par de puissantes brèches à éléments
calcaréo-dolomitiques, qui forment, en rive sud, le piton
de la Pointe des Béraudes.
Au sein de ces brèches on peut en outre distinguer des
brèches inférieures, massives et à ciment
très peu abondant, et des brèches supérieures,
en crachées discontinues qui sont interstratifiées
dans les premiers lits de calcschistes (le plus souvent rouges)
de la base des marbres en plaquettes.
image sensible au survol et au clic

La rive septentrionale du lac des Béraudes,
vue du sud depuis la rive opposée.
Les tirets rouges soulignent le contact de base des marbres
en plaquettes néocrétacés (cs). À droite ils reposent sur
les brèches inférieures, massives et leur contact basal fossilise
une faille ancienne (F) dont le compartiment occidental
(gauche originellement) était abaissé (voir détail
au cliché suivant). À gauche ils reposent directement (sans intercalations de brèches) sur les
dolomies du flanc ouest du synclinal des Cerces (pied de la Crête
de la Moulinière) ou sur les calcaires triasiques (fond
du synclinal : butte 2709)
s.C = synclinal des Cerces : on distingue le dessin de
sa charnière dans les abrupts de la Moutouze, en dépit
du clivage schisteux (s1) N-S, parallèle à
son plan axial (lui aussi visible à distance) ;
f.LR = faille du Lac Rouge : les marbres en plaquettes
qui affleurent en avant-plan du miroir de faille s'appuient sur
lui par l'intermédiaire d'un hard-ground* :
ceci témoigne de ce que cette faille avait déjà
joué avant leur dépôt
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image sensible au survol et au clic
Vue agrandie de la faille ancienne (anté-Néocrétacé)
des Béraudes
(situation repérable en haut à droite sur le cliché précédent)
On distingue fort bien le cachetage* du miroir de la faille
F par les couches basales, farcies de brèches,
des marbres en plaquettes. Ces couches ne dessinent qu'un inflexion
minime et s'épaississent par leur base en dessous du miroir
de faille (c'est-à-dire du côté originellement
occidental).
Il est à présumer que la faille F a fonctionné
très peu avant le dépôt des premières
couches de marbres en plaquettes car, sinon, le rebord de la
lèvre surélevée (amont actuellement) aurait
été émoussé, chanfreiné, par
l'érosion.
En premier plan affleurements des brèches basales des
marbres en plaquettes, avec des lits de couches rouges marneuses
séparant les "crachées" bréchiques.
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.
Ces brèches proviennent nécessairement
de l'érosion par éboulement d'un escarpement existant
aux environs au Crétacé supérieur (date de
leur dépôt et de leur cimentation).
Or le coeur du synclinal des Cerces est affecté
par la faille du Lac Rouge, dont la lèvre occidentale
est fortement surélevée. De plus sur cette lèvre
les calcschistes planctoniques néocrétacés
reposent sur des couches plus anciennes que d'ordinaire. En effet
celles-ci sont soit des calcaires triasiques inférieurs
(butte 2709) soit des quartzites werféniens (col du Lac
Rouge), ce qui témoigne d'une érosion anté-Néocrétacé
particulièrement intense.

Coupes explicatives de la structure du vallon
des Béraudes, au nord du lac.
(la topographie n'est pas représentée et l'on a
omis les détails accessoires)
f.LR = faille du Lac Rouge ; F = faille de la pointe
2753 de la Moutouze (elle est considérée ici comme
une faille conjuguée, mineure, de la faille du Lac Rouge).
L'origine des brèches massives (bri), sous-jacentes
aux marbres en plaquettes, doit être, comme pour celles
incluses dans la base des marbres en plaquettes (brs),
une érosion de la lèvre ouest (soulevée)
de la faille du Lac Rouge.
NB. 1 : l'âge ancien de la faille qui tranche en long la
crête de la Moulinière est une hypothèse vraisemblable
mais non contrôlée.
NB. 2 : au sud du lac (crête des Béraudes) la structure
est la même, mais l'érosion antérieure au
dépôt des marbres en plaquettes est encore plus profonde
: elle y a dénudé les quartzites triasiques du compartiment
ouest de la faille du Lac Rouge.
La faille du Lac Rouge est donc très
probablement une faille ancienne (sans doute apparue dès
le jurassique) et l'on peut penser que les matériaux des
brèches des Béraudes ont été arrachés
par l'érosion, d'abord au Jurassique supérieur puis
au Néocrétacé, de la partie saillante du
bloc soulevé formant la lèvre occidentale de cette
faille.
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Carte géologique simplifiée des chaînons
de la Haute Guisane - Haute Clarée
d.Ch = décrochement du Chardonnet
d.L = décrochement du Lautaret, se prolongeant
vraisemblablement par le décrochement du col de Buffère
(d.B) ; d.L' = décrochement de la Liche
et du Lauzet.
Dans le chaînon des Cerces on a tracé en rouge
les failles synsédimentaires jurassico-crétacées,
et notamment celle du Lac Rouge.
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figure à
agrandir |
Légende des couleurs de la carte
version
plus grande de cette image
Les unités structurales sont disposées
dans l'ordre de leur empilement, des plus externes (au sud-ouest) aux
plus internes (d'origine de plus en plus orientale).
Le groupe des unités briançonnaises est décalé
vers le bas pour de simples raisons de mise en page. Par contre
les dénominations de ces unités comportent parfois
plusieurs noms, qui sont disposés de haut en bas pour
indiquer les équivalences entre les unités élémentaires
affleurant du nord au sud.
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Carte géologique simplifiée
des montagnes aux alentours du col du Galibier
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
catalogue des cartes locales de la section Briançonnais
cartes
géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille
Névache
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