Le Mont Charvin, la Combe Génin

les gorges de la vallée moyenne de l'Arvan

Le cours moyen de l'Arvan franchit, au niveau de Saint-Jean d'Arves, la surface de chevauchement de la zone ultradauphinoise puis s'engage dans les couches triasiques et liasiques inférieures de cette nappe de charriage. Il décrit ensuite, peu en aval, un coude à 90° qui lui permet de contourner l'extrémité sud du petit chaînon du Mont Charvin avant de reprendre un tracé N-S.
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La vallée de l'Arvan au niveau de Saint-Jean d'Arves vue du sud-ouest, depuis la crête de la Valette (Les Arènes, point coté 2761).
La succession stratigraphique de la zone ultradauphinoise, à laquelle appartiennent le Trias et le Lias inférieur du Mont Charvin, se poursuit par des termes de plus en plus élevés jusqu'à la crête de Casse Massion (qui représente l'extrémité septentrionale du chaînon des Aiguilles d'Arves)
Noter que le versant ouest du Mont Charvin tranche transversalement l'anticlinal de Combe Génin (a.CG) et que sur la rive est de la vallée, la surface de transgression du Nummulitique (en jaune) n'est pas affectée par ce pli. Elle tranche même sa voûte d'Aalénien au sud de Casse Massion, prouvant ainsi indubitablement qu'il s'agit d'un pli anté-nummulitique).

La crête sommitale du Mont-Charvin est échancrée par un ensellement ouvert dans les gypses et cargneules triasiques qui se prolonge dans le versant est de la montagne par la profonde ravine de la Combe Génin, ouverte sur toute sa hauteur dans ces mêmes couches.

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Le versant oriental du Mont Charvin vu de l'est, depuis Casse Massion.
Les couches liasiques y dessinent un double pli, dont les axes plongent vers l'avant (vers l'est). Le ravin de la Combe Génin est, au sens géomorphologique, une combe anticlinale*, car elle est due à ce que l'érosion a éventré l'anticlinal de Combe Génin (a.CG) en enlevant complètement sa voûte de Lias. Ce pli est dissymétrique, déversé vers le nord, car son flanc droit, septentrional, est basculé au delà de la verticale.
L'astérisque, au centre du cliché, indique le point d'observation étudié dans les figures ci-après. Il se situe structuralement à peu de distance de la charnière du synclinal d'Albiez-le-Vieux (s.A).

Ce ravin correspond à l'éventrement d'un anticlinal de combe Génin, à flancs de calcaires du Lias inférieur fortement redressés, qui a pour particularité remarquable que son axe, orienté presque W-E plonge fortement vers l'est. Cette disposition est cause de ce que, au niveau des calcaires du Lias inférieur, sa voûte ne se ferme qu'au fond de la gorge de l'Arvan et de ce qu'elle s'enfonce, en rive droite des gorges de cette rivière, sous les schistes du Toarcien-aalénien du replat des Albiez.

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La rive droite de l'Arvan et la Combe Génin, d'enfilade et d'amont, vus de l'ouest, depuis le col 2134 de la crête sommitale du Mont Charvin (cliché original obligeamment communiqué par Flore Gidon).
a.cG = anticlinal de Combe Génin : la coupe naturelle de l'Arvan, qui est orthogonale à l'axe de ce pli, met bien en évidence sa forme déjetée vers le nord (vers la gauche) ; en liaison avec cette attitude les dalles de calcaires liasiques de la rive gauche du ravin, qui pendent vers le fond de ce dernier, sont en fait basculées vers la gauche au delà de la verticale ; s.R = synclinal des Rieux.

Le ravin de combe Génin attire en outre l'attention par le fait qu'il abrite (particulièrement vers ses bords et à sa naissance amont) une population de clochetons ruiniformes : ils ont été sculptés par l'érosion dans les cargneules* triasiques du coeur du pli (on notera qu'ils diffèrent des cheminées de fées que l'on trouve dans les moraines des environs de Saint-Jean d'Arves par leur sommet pointu, dépourvu de bloc formant chapeau).

Les pitons de cargneules de la partie haute de la Combe Génin
vus depuis la D926, en rive nord du vallon (cliché original obligeamment communiqué par M. Laurent Vittally).Cette vue est symétrique de la précédente


L'anticlinal de Combe Génin est suivi, immédiatement plus au sud, par le synclinal des Rieux, également très fermé au niveau du Lias calcaire et plus au nord, par le synclinal d'Albiez-le-Vieux, qui est beaucoup plus ouvert. Tous ces plis plongent également vers l'est, de sorte qu'on ne les distingue plus guère en rive droite de l'Arvan car ils s'y amortissent au sein des formations marneuses (Lias schisteux, Aalénien) de la partie supérieure de la succession (qui sont en outre masquées par le placage d'alluvions glaciaires du plateau des Albiez).

Le plongement de ces axes de plis n'est pas originel ; il est dû à ce que ces plis, qui résultent d'un raccourcissement N-S subi par la zone ultradauphinoise avant le Nummulitique, se sont formés antérieurement au chevauchement post-nummulitique, vers l'ouest, de cette dernière. Or, sur toute la transversale du chaînon des Aiguilles d'Arves on constate que la surface de chevauchement et les couches appartenant à cette zone ont un pendage assez fort vers l'est : cela veut dire que tous les terrains de cette zone (y compris, bien sûr, leurs plis) ont été globalement été basculés dans ce sens (ainsi d'ailleurs que ceux de la zone dauphinoise orientale) après ce chevauchement.

La route D926 recoupe l'anticlinal de Combe Génin, en traversant, en amont de ses tunnels, le ravin que son coeur triasique détermine. Plus au nord l'entaille de la route donne l'occasion d'examiner la micro-tectonique des affleurements liasiques du flanc nord de ce pli : on y voit se recouper, les deux schistosités quasi orthogonales qui témoignent des deux étapes tectoniques successives qui ont abouti à la structure actuelle.

version plus grande, muette, de cette image
Les affleurements du bord de la route D926
au nord de la Combe Génin (affleurements situés à proximité de la charnière du synclinal d'Albiez-le-Vieux (voir localisation sur le cliché du versant est du Mont Charvin, plus haut dans cette page)

Les couches liasiques (s0), vues du SE, sont pentées vers l'observateur et leur pendage est assez fort pour qu'il voie le sommet de leurs bancs.
Elles sont affectées de deux schistosités qui s'entrecroisent :
- s1 (en jaune sur le schéma), subverticale, orientée W-E, comme l'axe de l'anticlinal de Combe Génin, formée lors du plissement anté-nummulitique
- s2 (en rouge sur le schéma), orientée comme les couches (N-S) mais plus pentée qu'elles, formée lors des plissements et charriages post-nummulitiques.

voir ci-dessous l'agrandissement de la zone encadrée

 

Vue rapprochée de la partie encadrée du cliché ci-dessus

La boussole est disposée dressée, à plat contre une surface s1

Le marteau est posé, fer à plat, sur une surface s2, le manche orienté selon la linéation d'intersection* s2/s1.


aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive gauche de la Maurienne
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Saint-Jean de Maurienne

Carte géologique simplifiée des environs

redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
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