|
Le Fontanil |
Le village du Fontanil est situé en rive droite de la "cluse" de l'Isère. Du point de vue géologique il est connu pour avoir donné son nom aux "calcaires du Fontanil", qui y étaient exploités au début du XXe siècle. Ces couches appartiennent à la partie haute de la succession de la Chartreuse occidentale. Ce domaine du massif est, dans son ensemble, simplement constitué par une épaisse dalle monoclinale détachée en chevauchement par la faille de Voreppe, mais il se montre toutefois affecté à l'est du village du Fontanil par une cassure, la faille de Mont-Saint-Martin, qui y redouble l'épaisseur du talus hauterivien en y pincant un peu d'Urgonien (voir la page "Saint-Égrève").
![]() Le Fontanil et le vallon de Mont-Saint-Martin, vus de l'ouest - sud-ouest, depuis La Buffe. Sous cet angle on voit les couches à peu près selon leur orientation, donc sans déformation perspective : ceci permet notamment d'apprécier correctement l'épaisseur relative des formations stratigraphiques superposées de la succession du Crétacé inférieur de la Chartreuse occidentale : Bei + Be.mc = formation du Chevalon ; cFi + cFs = formation du Fontanil Ces deux formations correspondent aux étages Berriasien et Valanginien : la première couvre l'essentiel du Berriasien (inférieur, moyen et, en partie, supérieur). La limite supérieure du Berriasien se situe assez haut au sein de la falaise des calcaires du Fontanil inférieurs. On a indiqué en outre les divers lieu-dits (Peuil, Oullières, Rivoire) qui ont été utilisés pour dénommer les membres de la formation du Chevalon. f.MS = faille de Mont-Saint-Martin ; f.FE = faille du Fontanil orientale (la faille occidentale, de plus faible rejet et peu visible sous cet angle, n'est pas indiquée ici, pour ne pas surcharger la figure). Sous la cheminée de Mont-Saint-Martin la ligne de tirets barbulés correspond à la crevasse par laquelle s'ébauche le détachement du paquet du Cuchet. |
La limite orientale de la plaine alluviale de l'Isère, orientée N150, coupe cette succession presque orthogonalement car ses couches ont des azimuts proches de N80 avec un pendage de l'ordre de N20, valeur qui correspond en fait à celle du plongement axial vers le sud de la partie plane du fond du synclinal coffré de Villard-de-Lans (voir la page "rapports Vercors - Chartreuse"). Si rien n'indique un décalage appréciable des structures entre les deux rives, par contre on peut remarquer du côté chartreux la présence deux failles sub-verticales, les failles occidentale et orientale du Fontanil, qui ont des rejets cartographiques de décrochement dextre et sont presque parallèles, d'orientation N165 : vu leur faible écart azimutal on ne peut exclure qu'elles aient influencé l'orientation du tracé de la cluse.
La faille orientale du Fontanil a véritablement un rejet coulissant car elle décale d'une centaine de mètres dans le sens dextre la faille de Mont-Saint-Martin à l'est du Roc Cornillon, avant de se perdre sous les alluvions fluviatiles à Rocheplaine. |
Au nord du Fontanil les anciennes carrières de Valetière (dont l'emplacement est actuellement occupé par un groupe de villas) étaient ouvertes dans les couches du toit du membre inférieur des calcaires du Fontanil. Elles avaient livré des ammonites, dont l'étude à joué un rôle important pour déterminer l'âge de ce niveau repère de la série stratigraphique des environs de Grenoble (plus de détails à la page "calcaires du Fontanil").
Plus au nord encore les pentes du secteur des Oullières (au nord-ouest des lacets supérieurs de la route de Mont-Saint-Martin) sont affectées par un important glissement de versant. Il s'est certainement formé à la suite de la fonte du glacier würmien, lorsque le versant, rendu plus raide par l'érosion du flanc de l'auge glaciaire, n'a plus été retenu par la poussée de la glace.
L'ampleur de la zone affectée avait été sous-estimée lors du dessin de la carte géologique au 1/50.000° (feuille Grenoble, 2° édition), ce qui avait conduit à y tracer des cassures non justifiées (car il s'agit seulement des crevasses d'arrachement de ces tassements). La carte ci-après montre comment il faut corriger ces petites inexactitudes (commentaires sur la partie septentrionale à la page "Mont-Saint-Martin").
![]() |
Carte de détail des environs septentrionaux du Fontanil Les hachures de couleur surchargent les pentes qui correspondent aux dalles structurales du sommet du membre de la Rivoire (beige) et de celui du membre de Valetière (kaki), constitutifs l'un et l'autre des calcaires du Fontanil inférieurs (voir la colonne stratigraphique à la page "calcaires du Fontanil"). L'astérisque rouge repère le point où la surface de cassure de la faille orientale du Fontanil est observable le long de la route de Mont-Saint-Martin. L'astérisque noir repère le point d'où l'on a une vue plongeante sur la crevasse principale de l'arrachement des Oullières. L'astérisque brun repère l'extrémité méridionale de la crevasse du vallon du Cuchet. |
![]() Le versant de rive droite de la vallée de l'Isère aux alentours du Fontanil vu du sud-ouest, depuis le rebord du plateau de Sornin. f.msM = faille de Mont-Saint-Martin ; f.FE = faille orientale du Fontanil ; f.FW = faille occidentale du Fontanil. "cFiR" = calcaires du Fontanil inférieurs : membre de la Rivoire ; "cFiV" = calcaires du Fontanil inférieurs : membre de Valetière. L'astérisque rouge repère le lacet d'altitude 350 de la route de Mont-Saint-Martin (tracé renforcé d'un trait blanc continu), où la surface de cassure de la faille orientale du Fontanil est observable. La grosse flèche à gauche de Mont-Saint-Martin indique l'origine et le déplacement du paquet tassé qui a obturé l'ancien talweg du ruisseau du Lanfray qui passait antérieurement sous la butte du village (voir la page "Mont-Saint-Martin") ; on a tracé en bleu le cours actuellement visible de ce ruisseau. |
Au nord-est du Fontanil la route qui monte à
Mont-Saint-Martin traverse assez longuement les divers niveaux de calcaires
du Fontanil.
Toutefois elle inscrit d'abord ses 6 premiers lacets sur la dalle
structurale du sommet du membre inférieur des calcaires
du Fontanil proprement dits (membre "de Valetière"),
en l'égratignant à peine de ses quelques mètres
d'entaille (les lacets saillants vers l'est s'inscrivent tous
au pied du talus boisé et garni d'éboulis qui est
l'abrupt de la faille orientale du Fontanil.)
Le long de ce parcours trois points d'observation peuvent plus particulièrement être signalés (voir repérage sur la carte ci-dessus):
1) astérisque rouge : en bord même de la route, l'entaille
amont du 3° lacet met à nu la base du membre de Valetière,
remonté par une faille
verticale dont la surface de cassure tranche les couches du
côté gauche de l'affleurement. C'est la faille orientale
du Fontanil (f.FE), qui est
un décrochement dextre d'orientation N160, presque parallèle
aux limites de la plaine alluviale. Elle se poursuit, sur la rive
opposée du torrent du Lanfray, par la selle qui borde du
côté gauche (est) la butte 375, où affleure
le membre du la Rivoire (voir la carte).
Du fait du pendage des couches vers le S - SE le décalage
horizontal dû à cette cassure induit un rejet vertical d'abaissement de
son compartiment ouest (à gauche sur le cliché ci-après).
![]() La Faille Est du Fontanil (f.FE) au lacet 350 de la route D 105d(alt. 350 : voir repérage par un astérisque sur le cliché d'ensemble du versant et sur la carte). Le compartiment droit (oriental) de la faille est constitué par la partie inférieure d'une séquence de calcaires du Fontanil appartenant à la partie basse du membre de Valetière (cf. ci-dessus). Elle est formée, à la base, d'alternances de calcaires argileux gris-bleu et de joints marneux et passant, vers le haut de l'affleurement, à des calcaires bioclastiques. Le pied de l'affleurement laisse voir le sommet d'une séquence similaire. Le compartiment gauche (occidental) de la faille, abaissé, est partiellement caché sous des éboulis et sous la végétation. En fait il est constitué par la passée marneuse relativement importante qui se développe au toit du membre de Valetière. NB. : on a là un exemple de séquence du type dit "de Klüpfel" (cf. page "calcaires du Fontanil"). |
2) astérisque noir : Au point de raccord supérieur entre l'ancien chemin et la route (après le 9° lacet) un sentier en sous-bois mène sur le rebord rocheux qui surplombe la crevasse principale du glissement des Oullières, à sa marge méridionale : on a, de là, une vue plongeante sur les pitons rocheux dus à la dislocation de la barre calcaire de Valetière, lors de son glissement.
3) astérisque brun : Le vallonnement du Cuchet est coupé
par la route à son extrémité méridionale,
à 600 m d'altitude, après le 11° lacet. Il est
emprunté par le sentier qui mène, en direction du
nord, au couvent de Chalais. Il correspond à la crevasse
supérieure, en partie comblée d'éboulis,
du paquet supérieur de la zone de tassement des Oullières, nettement moins détaché que ceux inférieurs.
Ce paquet tassé du Cuchet s'est détaché peu en amont
du prolongement septentrional du tracé de la faille f.FE, que l'on perd, de ce fait, sous les éboulis
de la marge ouest de ce paquet tassé (et peut-être
sous ce paquet lui même), dans les deux lacets précédant
le départ du sentier (voir la localisation sur
le cliché et sur
la carte ci-dessus).
Le paquet tassé du "Cuchet", est seulement détaché par sa crevasse mais peu déplacé : de fait il n'est presque pas disloqué, à la différence des paquets inférieurs, des Oullières. Le tracé de f.FE se perd sous les éboulis du pied ouest de ce paquet et lui est assez oblique. Il est donc possible, mais nullement évident, que la mise en mouvement du glissement de terrain de ce versant ait été facilité par la présence de cette cassure : il aurait d'abord pris de l'ampleur à son aval (Oullières) avant de contaminer sa lèvre amont (Cuchet). |
|
|
|
(Noyarey)
![]() |
LOCALITÉS VOISINES | Saint-Égrève |
![]() |
![]() |
|
|
![]() Le Fontanil |
|