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Saint-Martin-de-la-Cluze, Le Gua |
Le torrent de la Gresse, après être descendu vers le nord depuis le village de ce nom, franchit la corniche tithonique, peu à l'ouest du village de Saint-Guillaume, par un trajet presque WE qui le fait passer peu au sud du village de Lanchâtre. Il y rejoint ainsi le sillon subalpin dans lequel il s'engage et qu'il suit jusqu'à son débouché dans la plaine alluviale du Drac à Vif. Mais son lit s'y encaisse en perçant les alluvions glaciaires et fluviatiles qui l'avaient colmaté lors de la dernière glaciation et en affouillant assez profondément les Terres Noires sous-jacentes. Ces alluvions sont conservées sur les deux flancs sous forme d'une banquette relativement étroite en rive droite, plus large en rive gauche où elle est jalonnée par les principaux villages (Les Saillants, Saint-Barthélémy, Lanchâtre).
C'est sur cette rive, dans une ravine en contrebas du replat alluvial que se situe une curiosité régionale anciennement célèbre (elle était au nombre des "Sept merveilles du Dauphiné"), la "Fontaine ardente du Gua".
Elle est située 1,3 km au sud du village de Saint-Barthélémy dans un ravin en contrebas du hameau de La Pierre. Il s'agit d'un orifice naturel de taille à peine décimétrique, ouvert dans les Terres Noires de son versant : les émanations de méthane qui s’en échappent sont suffisantes pour pouvoir alimenter des flammes si on les allume. Rien de particulier ne permet a priori d'expliquer la localisation de telles émanations qui sont alimentées par les matières organiques contenues dans les Terres Noires (d'autres sont connues ailleurs dans les mêmes couches, mais avec des débits moindres, par exemple à Meylan). |
La cuesta bajocienne qui limite le sillon subalpin proprement dit du côté oriental forme la lourde échine des Brions qui se poursuit vers le nord, au prix d'un léger décalage vers l'ouest en baîonnette de la ligne de crête, par celle de la Lassière. Ce dessin correspond au fait que la succession des couches comporte deux niveaux plus calcaires séparés par un niveau médian plus argileux, l'inférieur armant la crête du Grand Brion et le supérieur celle de La Lassière.
Plus au nord, à Saint-Martin-de-la-Cluze, cette ligne de crête s'abaisse et s'efface en s'enfonçant sous les alluvions fluviatiles et glaciaires wurmiennes. Ces dernières prolongent simplement celles des environs de Sinard et se raccordent en continu, par le seuil presque horizontal des Marceaux, avec celles qui s'étendent en rive droite de la Gresse jusqu'à Saint-Paul-lès-Monestier (voir la page "Monestier").
Il est remarquable que le matériel glaciaire qui coiffe cet entablement alluvial est dépourvu de tout relief morainique à l'ouest comme à l'est de ce seuil. Cette particularité a été attribuée par G. Monjuvent à une érosion par un ruissellement en nappe pendant que se retirait la langue glaciaire remontant la vallée du Drac où elle avait précédemment abandonné ces matériaux. Ce processus est plausible en raison des apports d'eaux qui provenaient des versants montagneux du Vercors : la présence et le déplacement du front glaciaire en retrait ont dû influer fortement sur leur écoulement.
L'origine de ce hiatus d'affleurement, large de 2 kilomètres, est sans doute tectonique car la limite des affleurements bajociens tranche leurs couches en oblique à angle aigu tout en descendant doucement vers le fond de la vallée du Drac pour y aboutir à Notre-Dames-de-Commiers. D'autre part ce tracé correspond remarquablement bien à celui présumé du prolongement septentrional de la faille de La Queyrie, par lequel elle doit se raccorder, au delà, aux faisceau des failles de Vizille (voir la page "Serpaton").
![]() L'extrémité aval de la vallée du Drac vue d'avion, du sud-ouest, depuis l'aplomb de Sinard. Dans l'épaisse succession de la cuesta du Bajocien inférieur (premier plan gauche) on a distingué 3 niveaux (comme dans les collines bordières de Belledonne) : les calcaires inférieurs (Bjc.i), les marno-calcaires intermédiaires (Bjs.m) et les calcaires supérieurs (Bjc.s) ØS = chevauchement du Sénépy (branche supérieure) ; d.C = décrochement de la Chal ; f.Q? = prolongement présumé de la faille de la Queyrie. Les petits schémas figurent le pendage des couches (s0) |
Carte géologique très simplifiée du rebord oriental du Vercors au nord de Gresse
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M. Gidon (1977), publication n° 074
légende
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