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Saint-Gervais, Prarion, Col de Voza |
La lourde échine du Prarion sépare, au NW du Col de Voza, les cours aval des vallées de l'Arve et du Bon Nant, lesquels confluent à la bourgade du Fayet. Cette montagne est constituée de gneiss amphiboliques que recouvre au sommet un chapeau de grès houillers et, du côté nord et nord-est, par des micaschistes : sa continuité d'affleurements avec la rive opposée de l'Arve en fait l'extrémité sud-occidentale du bloc cristallin des Aiguilles Rouges et sa constitution conduit plutôt à le rattacher au "rameau interne" de la chaîne de Belledonne, à la différence des micaschistes de Megève qui se rattachent logiquement par leur nature, au "rameau externe" de ce massif cristallin (voir la page "Belledonne généralités").
Du côté sud l'échine du Prarion est tranchée par une importante faille extensive que son tracé conduit à considérer sans ambiguité comme le prolongement SW de la faille de Chamonix. Elle est frangée du côté SE par des témoins très peu épais de Trias et de Lias inférieur et moyen, sans doute étirés le long de la surface de cassure. En fait cet accident majeur se dédouble en deux branches parallèles que l'on peut appeler respectivement, à l'ouest la faille des Contamines et à l'est la faille de Bionnassay. Ces deux cassures délimitent une lame de grès houillers qui s'accolle vers le haut au chapeau sommital, mais qui est intercalée plus bas entre les deux bandes triasiques jalonnant les tracés des failles.
Cette "lame houillère" est considérée par L.E Epard (1990) comme une écaille tectonique imbriquée, dont un témoin serait posé en klippe sur la voûte du socle et reployé avec elle à l'ouest du col 1853 de l'Hotel du Prarion : il y voit un témoin de son "unité de Vervex" de rive gauche du Bon Nant (voir plus loin dans cette page). Mais le fait que cette lame jalonne le tracé de la faille de Chamonix, jusque bas sur le versant est du col de Voza porterait plutôt à considérer qu'elle a été arrachée, par le jeu de la faille, au houiller du secteur des Houches : cette situation suggère même qu'il s'agisse d'une navette* entraînée par un mouvement de coulissement le long de cette faille. |
Entre le sommet du Prarion et Saint-Gervais un placage de Trias et de Lias, posé sur ce versant à la manière d'un béret incliné vers le NW, garnit les pentes de mi- hauteur : cette disposition trahit l'ennoiement vers le sud de la voûte anticlinale du socle du massif des Aiguilles Rouges, au flanc NW de laquelle appartient le Prarion.
L'agglomération de Saint-Gervais se trouve en rive droite du Bon Nant, environ 1 km en amont de son confluent avec l'Arve. À cette latitude le cours de ce torrent s'est entaillé, plus à l'ouest que la limite occidentale des affleurements du socle cristallin, dans les dolomies et cargneules du Trias qui y sont sans doute abaissées par une faille extensive N-S.
Il faut aller assez en amont de Saint-Gervais, au niveau de Saint-Nicolas de Véroce, pour voir le socle cristallin être entaillé par le BonNant et affleurer sur sa rive gauche avec sa couverture stratigraphique.
Celle-ci début par des grès et dolomies triasiques qui forment apparemment la partie inférieure de la succession stratigraphique du Mont Joly (voir la page "Mont Joly"). Mais les entailles des torrents de rive gauche, entre Saint-Gervais et La Chapelle, montrent, au dessus de ces dolomies triasiques et sous les toutes premières couches liasiques, la présence, d'une lame de schistes houillers, coiffés par des grès triasiques. |
Au niveau et en aval de Saint-Gervais on ne voit pas, en rive gauche du Bon Nant, ces couches triasiques s'enfoncer normalement sous les calcaires du Lias inférieur. Au contraire ce sont des schistes du Lias supérieur - Aalénien qui y affleurent, en juxtaposition plus ou moins directe (souvent masquée par les alluvions glaciaires), avec les grès et dolomies du Trias qui sont mis à nu dans le lit du torrent.
C'est là une disposition anormale, qui conduit à envisager que ces deux ensembles de terrains puissent y être séparés par une cassure (elle passerait en ce cas plus haut, à l'ouest de Saint-Nicolas de Véroce). Puisque le socle cristallin qui réapparait plus à l'ouest, aux environs de Megève, appartient au rameau externe de Belledonne on peut se poser la question de savoir si les cassures qui abaissent les affleurements liasiques de rive gauche de la vallée du Bon Nant par rapport à au socle cristallin du Prarion ne sont pas en définitive des échos, dans la couverture, de l'accident médian de Belledonne : en effet c'est à peu près là que la direction de son tracé devrait le prolonger, au delà de son interruption sous le masque du sédimentaire du Mont Joly (voir la page "Montjoie"). |
Du côté est (vallée de l'Arve) le versant de la montagne est au contraire entaillé dans le socle cristallin, où affleurent principalement des bandes d'affleurements de schistes paléozoïques, orientées grossièrement N-S.
![]() Le versant est du Prarion (vallée de l'Arve) vu du nord-est, depuis l'Aiguillette des Houches. tgr = grès de base du Trias ; Hr = grès et schistes houillers ; mschl = micaschistes chloriteux et pélites (Viséen) ; f.V = faille de Vaudagne. Prolongement de la faille de Chamonix (deux branches délimitant la bande de houiller du Champel) : f.B = faille de Bionnassay ; f.C = faille des Contamines. Les bandes N-S du granite de Servoz - Les Houches et des schistes chloriteux de Vaudagne s'intercalent entre les gneiss du Prarion et ceux du Brévent. C'est sensiblement leur orientation qu'adopte le tracé des gorges de l'Arve. Les gneiss du Prarion reposent sur les micaschistes chloriteux. Une crevasse, encore fraîche à son extrémité nord, délimite sous le sommet du Prarion un paquet tassé, très peu disloqué, qui s'est affaissé en direction des Chavants. |
Ces affleurements paléozoïques* comportent deux faciès, l'un formé des pélites et de grès habituels, que l'on rapporte à l'étage Westphallien. L'autre correspond à des phyllades plus ou moins schisteuses et verdâtres (connues dans toute la chaîne de Belledonne au sens le plus large sous le nom de "schistes chloriteux"), auxquelles on attribue un âge carbonifère inférieur ("Viséen").
En contrebas des escarpements boisés du Prarion ces schistes chloriteux n'affleurent plus guère car ils s'avèrent y avoir été largement injectées par le granite de Servoz - Les Houches, d'âge hercynien tardif, par conséquent.
Par ailleurs, dans ces pentes plus douces, coupées de replats dont le plus élevé porte le village de Vaudagne, ces affleurements de granite se montrent coiffés par des placages de Trias basal. Cela témoigne de ce que ces pentes correspondent d'assez près à la mise à nu par l'érosion de la surface de la pénéplaine anté-triasique : cette dernière est donc fortement abaissée (de plus de 500 m) par rapport à sa situation plus à l'ouest, au dessus du sommet du Prarion. Cela met en évidence l'existence d'une faille de Vaudagne, apparemment extensive, dont le tracé (imprécis en raison du couvert quaternaire et forestier) doit déterminer la rupture de pente entre les replats du pied de ce versant et se escarpements supérieurs.
Pour plus d'informations sur ces lieux voir le site "Géologie et glaciologie du Pays du Mont Blanc"
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