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Structure du Vercors (secteur 3) : |
La bordure extrême orientale du Vercors septentrional est constituée par un chaînon orienté N-S qui domine à l'est la vallée inférieure du Drac et que borde à l'ouest le Val de Lans. Il court depuis le Moucherotte au nord jusqu'aux Deux-Sœurs au sud, en passant par le Pic Saint-Michel, le col de l'Arc, le Roc Cornafion et le col Vert et les Rochers du Parquet. C'est nettement le plus escarpé de tout le massif du Vercors et c'est en outre celui dont la tectonique est la plus difficile à analyser et à comprendre (ce qui justifie un exposé basé sur l'historique de ses interprétations).
A/ L'interprétation tectonique "classique"
Le dispositif tectonique à l'origine du surhaussement de ce chaînon et des redoublements de succession observables sur son versant oriental n'a commencé à être interprété d'une façon proche de la structure réelle que dans les années 1940 : en effet on le décrivit alors (M.GIGNOUX et L.MORET) comme étant un grand pli-faille raccordant la charnière anticlinale du Moucherotte à la charnière synclinale du Cornafion (croquis ci-dessous). Les corrections apportées depuis à cette conception ne sont en effet pas fondamentales, à part celles portant sur la structure du Peuil de Claix (qui ne correspond qu'à un tassement), celle des environs de La Tour Sans Venin (qui n'est pas un flanc inverse de chevauchement) et enfin celle au sud du Col de l'Arc (où il n'y a pas de charnière anticlinale mais un simple chevauchement, coupé par une cassure transversale).
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Toutefois cette interprétation pêchait en imaginant un anticlinal couché doté d'un flanc inverse, certes étiré mais largement représenté. En fait la présence de couches véritablement en flanc inverse ne s'y observe jamais (les pendages ne basculant presque nulle par au delà de la verticale) et elle laisse place en réalité à la superposition de tranches de roches à l'endroit.
Il est donc apparu plus exact, dans les années 1960, de considérer que ce chaînon est structuré par la présence d'un grand accident, connu depuis sous le nom de "chevauchement du Moucherotte" (dont la surface correspond à celle du supposé étirement du flanc inverse du pli-faille). En effet au flanc ouest de cette montagne, entre Saint-Nizier et Lans, son évidence est particulièrement flagrante du fait que l'Urgonien de sa lèvre supérieure y repose brutalement (tranché à angle droit) sur les conglomérats miocènes. Dans ce schéma les torsions de couches, anticlinal du Moucherotte et synclinal du Cornafion notamment, sont considérés comme des "crochons* d'entraînement" induits par la friction entre lèvre chevauchante et chevauchée (en fait il s'agit plutôt de la bordure "coffrée" du synclinal de Villard-de-Lans).
![]() Le Moucherotte et le val de Lans vus d'avion, du nord, montrant la position du Moucherotte, qui constitue le promontoire septentrional de la barrière orientale du Vercors. a.M = "anticlinal" en genou du Moucherotte ; a.Sa = anticlinal de Sassenage ; c.Sa = chevauchement de Sassenage ; f.E = faille d'Engins ; s.Sa = synclinal N-S de Sassenage ; d.B = décrochement des Bruziers ; ØM = chevauchement du Moucherotte (se raccordant au précédent) ; s.VL = synclinal de Villard de Lans ; s.mS = tronçon passant à Saint-Nizier du synclinal "méso-subalpin" (= branche orientale, N45, du pli précédent). Alluvions glaciaires wurmiennes (en bleu clair) : mW1 = moraine des Guillets (1° stade de retrait) ; mW2 = moraine des Charvets (2° stade de retrait) . |
La carte géologique au 1/50.000° "Vif" (dessinée par J. Debelmas en 1965) prend en compte cette manière de voir et assigne à ce chevauchement un tracé globalement N-S qui longe le bord oriental du val de Lans. Elle indique aussi qu'il se prolongerait jusqu'aux abords du Col de l'Arc jusqu'à y rejoindre le tracé apparemment symétrique du chevauchement du Plateau Saint-Ange, lequel s'abaisse sur le versant oriental de la crête, en passant par le Plateau Saint-Ange, pour aboutir au niveau de la plaine aux abords de Claix et que le soubassement du Peuil de Claix correspond seulement à un paquet tassé sous lequel ce chevauchement disparaît.
De plus il avait été reconnu, dès 1965qu'une bonne part du tracé attribué à la surface de chevauchement du Moucherotte correspond en fait au dispositif tectonique un peu complexe de l'accident des Bruziers, peu chevauchant, où le pendage de la cassure, est presque E-W et très redressé au lieu de prendre une faible inclinaison vers le SE pour aller rejoindre en profondeur dans cette direction le chevauchement de Comboire (voir figure ci-dessous et la page "Moucherotte").
Cet accident des Bruziers, s'avère être une déchirure dextre par laquelle le chevauchement s'interrompt du côté nord par une surface plus redressée et orientée presque W-E, c'est-à-dire en biais par rapport à l'axe de l'anticlinal du Moucherotte. Cette géométrie conduit à y voir la rampe latérale* de déplacement de ce dernier (voir la page "Moucherotte"). |
Il était donc admis, depuis les années 60, que le chevauchement de Saint-Ange constitue la réapparition de celui du Moucherotte du côté SE de la crête. Depuis on a avancé l'idée (M. Gidon, 1981) que ce dernier accident se raccorderait lui-même avec le chevauchement de l'Éperrimont (par l'intermédiaire d'un tronçon plus redressé, maintenant enlevé par l'érosion). Il paraissait alors également possible d'envisager que le Tithonique de Comboire devait représenter la réapparition, au nord de Claix, de celui chevauchant de l'Éperrimont et qu'il devait se raccorder là au chevauchement du Moucherotte, avant de disparaître vers le nord sous les alluvions du Drac à la latitude de Seyssins. Comme ceci a lieu 1 km au sud de l'endroit où le tracé du chevauchement du Moucherotte disparaît également sous le lit de l'Isère on était donc porté à se demander si ces deux derniers accidents ne se rejoignent pas aussi là sous les alluvions, donc en profondeur entre Comboire et Moucherotte et, en ce cas, quel schéma peut en rendre compte.
B/ Retouches à ce schéma entre Moucherotte et Col de l'Arc :
Cette manière de voir, ne faisant appel qu'à une seule surface de chevauchement, telle qu'elle est exprimée par la carte géologique, comporte plusieurs difficultés :
1 - On doit d'abord noter que la comparaison des deux versants de la crête du chaînon indique que la surface de chevauchement est en moyenne faiblement pentée en direction de l'ouest pour celui oriental (de Saint-Ange) et vers l'est pour celui du versant ouest (du val de Lans).
Plus précisément la surface du chevauchement du Moucherotte montre dans le versant ouest, entre Saint-Nizier et Lans, un tracé N-S quasi horizontal et un pendage vers l'est (qui s'atténue toutefois à la Croix des Ramées). À l'opposé la surface de chevauchement de Saint-Ange s'élève progressivement du nord vers le sud ; de plus les constructions graphiques permises par les données de terrain indiquent que cette surface a un azimut non pas N-S mais proche de N120, et une pente vers le NNE inférieure à 30°. |
Ces pendages opposés semblaient donc imposer que leur surface de raccord supposée décrive une nette inflexion synforme. Mais l'analyse de la cartographie des abords de Claix (voir la page "Comboire") montre que le tracé du chevauchement de Saint-Ange (ici masqué sous le paquet tassé du Peuil) doit aboutir peu à l'ouest des affleurements barrémiens de Malivers. Or ces derniers, du fait de leur azimut presque N-S, ne peuvent se prolonger vers le nord qu'en passant sous le Rocher de Comboire, où les couches tithoniques représentent clairement la base stratigraphique de la succession du Moucherotte.
![]() Coupes de la partie septentrionale du chaînon du Moucherotte, modifiée à partir de la figure de la publication n° 094 Ces coupes essayent de confronter les deux compartiments séparés par l'accident des Bruziers (dont l'emplacement est "réservé" en blanc) en projetant la coupe inférieure droite (septentrionale) selon l'azimut N40 qui semble être celui orthogonal au déplacement aussi bien du chevauchement du Moucherotte que du coulissement de l'accident des Bruziers). ØsA = chevauchement de Saint-Ange ; s.dB = synclinal de la Draye Blanche = a.M = anticlinal du Moucherotte ; ØM = chevauchement du Moucherotte proprement dit ; ac.Br = accident des Bruziers ; f.Pe = faille des Perrières (= chevauchement de la Chartreuse orientale) ; s.V = synclinal des Vouillants (flanc ouest du pli suivant) ; s.P = synclinal de Proveysieux ; s.mS = grand synclinal méso-subalpin. À gauche en bas (noms de lieu entre parenthèses) on a ajouté la coupe des pentes immédiatement plus méridionales que le Rocher de Comboire. |
Mais cette géométrie n'est pas compatible avec l'hypothèse qu'il puisse se connecter, dans les pentes au nord de Comboire avec le chevauchement du Moucherotte puisque ce dernier les traverse vers le NE jusqu'à s'y prolonger par celui de la Chartreuse orientale (faille des Perrières). Il est donc à présumer que ce dernier accident tranche en oblique le chevauchement de Saint-Ange, lequel doit donc se poursuivre au delà vers le NW, mais y être masqué en profondeur sous le synclinal de Villard-de-Lans.
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2 - L'examen du versant occidental de la crête porte à conclure que la connexion entre le chevauchement du Moucherotte et le chevauchement de Saint-Ange, telle qu'elle a été représentée sur la carte géologique, se révèle justifier le scepticisme.
En effet à partir de Lans que la carte géologique attribue (par un dessin totalement en tireté) à la lèvre chevauchante du chevauchement du Moucherotte une extension vers le sud-ouest qui engloberait tout le chaînon boisé de la montagne de la Grande Côte, au sud de Lans. Cela revient à faire recouvrir le bord oriental du Val de Lans par un lobe charrié sub-horizontal (même légèrement plongeant vers l'ouest) possédant une flèche de près de 2 km. C'est par une ligne tiretée similaire contournant symétriquement par le sud la montagne de la Grande Côte (par le vallon de Machiret jusqu'au col de l'Arc) que la carte dessine un raccord supposé avec le chevauchement de Saint-Ange.
Mais en fait ce tracé est totalement interprétatif et manque de fondements au niveau de l'observation du terrain :
Plus précisément il s'avère en effet que, à partir de la Roche Rousse jusqu'au village du Peuil au SW de Lans, les couches du Sénonien de la montagne de la Grande Côte ne semblent pas reposer en chevauchement sur le Miocène du val de Lans mais se prolongent au contraire sous lui en succession stratigraphique (voir la page "Lans") : le redressement de leur pendage est en fait celui de la flexure bordière orientale du synclinal du Villard-de-Lans et elles disparaissent au NE de Lans en s'engageant sous le chevauchement au niveau de de la Croix des Ramées. Au delà, entre Le Peuil et les Nobles (voir la page "Pic Saint-Michel") la rupture de pente qui surhausse le Sénonien de la montagne de la Grande Côte par rapport à celui du fond plat du Val de Lans est certainement due à une cassure. Mais rien n’étaye son interprétation en chevauchement, ni la courbure de son tracé vers l'est pour lui faire rejoindre le Col de l'Arc par le vallon de Machiret (voir la page "Col de l'Arc") ... |
Il semble plutôt que le chevauchement du Moucherotte se prolonge simplement vers le sud, à cette latitude, par celui de la Croix des Ramées, puis, en direction du Collet du Furon où il n'est plus exprimé que par une simple rupture de la charnière du prolongement de l'anticlinal du Moucherotte. Mais son rejet horizontal s'affaiblit en même temps que ce pli voit lui aussi son ampleur se minimiser. En fait toute la dalle rocheuse chevauchante, Urgonien à Sénonien inclus subit à la latitude du village de Furon une torsion vers le SW par le jeu d'un décrochement NE-SW de La Tinette (voir la page "Lans").
D'autre part la partie méridionale du chevauchement de Saint-Ange qui est observable à la latitude du Col de l'Arc dans le versant oriental (au Pré du Four) ne saurait se raccorder à un éventuel prolongement méridional de celui du Moucherotte (orienté N-S). La raison en est d'abord que sa disposition (azimut N120 et pendage vers le NNE) ne convient guère mais surtout parce que son tracé disparait brutalement en butant contre la faille de l'Arc, 600 m plus bas au pied sud-oriental du Pic Saint-Michel.
On est donc finalement conduit à considérer qu'il n'y a pas un seul, mais deux chevauchements distincts : Cette interprétation est en outre satisfaisante en ceci qu'elle s'accorde avec la chronologie biphasée reconnue par ailleurs dans la structuration des massifs subalpins septentrionaux. |
C/ Un important changement de structure intervient le long de la transversale du Col de l'Arc. .
Deux points le caractérisent :
1 - De la dalle chevauchante de Saint-Ange il ne subsiste plus, au sud du col, que le petit chapeau de la crête des Crocs, dans lequel ne se prolongent que les couches basales de l'Urgonien. Ses couches plus basses (hauteriviennes et valanginiennes) disparaissent brutalement, environ 600 m en contrebas est du Pic Saint-Michel, en butant contre un accident majeur, transversal à la crête, la faille du Col de l'Arc.
2 - Sous le chapeau de la Crête des Crocs les Rochers de l'Ours se manifeste une structure totalement nouvelle qui n'existe pas du tout au nord de cette fracture transversale : il s'agit du synclinal du Cornafion qui est dessiné en totalité par l'Urgonien et dont l'envergure est de taille kilométrique. Il arme la crête du Roc Cornafion sur une dénivellation de près de 1000 m., en se greffant sur le flanc oriental du grand synclinal de La Fauge ...
Dans le contexte d'interprétation ancien ce pli était censé représenter le crochon du chevauchement de Saint-Ange, mais ceci s'avère impossible puisque ces deux élements structuraux ne sont pas représentés ensemble ni au sud ni au nord de l'entaille du col de l'Arc.
![]() L'espace blanc séparant les deux coupes figure la disjonction tectonique ("rampe latérale") occasionnée par l'accident transverse de la faille du Col de l'Arc (f.A) à l'ouest, prolongée à l'est par la faille des Charbonniers (f.Ch). ØB chevauchement des Blancs; s.bC = synclinal du Bec du Cornillon ; ØcR = chevauchement de la Croix des Ramées, prolongeant celui du Moucherotte ; ØsA = chevauchement de Saint-Ange ; ØCr = chevauchement des Crocs ; ØE? = chevauchement (supposé) de l'Éperrimont. |
En fait la brutalité de ce changement de géométrie structurale qui s'y manifeste apparaît comme le résultat du fait que faille du Col de l'Arc n'est pas un décrochement au sens strict du terme mais une faille de déchirure qui a dû jouer en synchronisme avec le plissement (et donc sans doute avec le chevauchement), permettant une désolidarisation des déformations qui se sont produites alors de part et d'autre de la cassure.
Entre autres caractéristiques de cet accident on doit d'abord noter que, s'il est globalement orienté sensiblement W-E avec un pendage sub-vertical, son tracé comporte plusieurs tronçons inclinés différemment de bas en haut. Cela fait dessiner par sa surface de cassure une torsion antiforme bombée vers le nord, ce qui n'est déjà guère compatible qu'avec un mouvement coulissant. D'autre part cette torsion correspond au fait que l'armature urgonienne du synclinal du Cornafion qui caractérise son compartiment méridional s'emboutit dans les terrains, en prédominance marneux, du Crétacé inférieur de son compartiment septentrional.
Une autre caractéristique est que, de part et d'autre de cet accident, l'azimut de leurs couches subit un changement d'orientation de l'ordre de 30°. Or il correspond à un pivotement en sens anti horaire de la partie chevauchante du compartiment nord, tandis que le soubassement du chevauchement de Saint-Ange, solidaire en cela du compartiment sud, subissent une inflexion au contraire de sens horaire par rapport à la partie de la crête du chaînon qui est plus méridionale que le Roc Cornafion.
D / Au sud du Col de l'Arc la structure se résume donc à l'existence du synclinal du Cornafion. Ce pli que dessine essentiellement l'Urgonien est en fait le résultat du renversement vers l'ouest du flanc oriental du grand synclinal de La Fauge (qui s'ouvre plus au nord en plongeant dans le synclinal de Villard-de-Lans). Deux traits le concernant méritent d'être mis en lumière car ils sont importants pour en comprendre la formation :
1 - En premier lieu les rapports que les couches du cœur de ce synclinal de La Fauge y ont avec l'Urgonien attestent déjà d'une discordance progressive qui se manifeste tout du long de cette charnière du Cornafion : cela montre en fait qu'elle résulte d'un basculement synsédimentaire des couches crétacées selon une ligne à peu près parallèle à la crête actuelle du chaînon.
Ce processus sédimentaire se révèle capital dans la compréhension de la structure de l'Urgonien au sud du Col vert (voir la page "Gerbier"). En effet le renversement des couches qui affleurent en haut de la crête du Ranc des Agnelons s'avère y résulter d'une succession de discordances angulaires qui sont intervenues au cours du dépôt de l'Urgonien. Cette disposition est attribuable au jeu de basculements successifs du fond marin qui s'abaissait du côté ouest où l'accroissement de profondeur favorisait l'existece de dépôts plus terrigènes en marge de la plateforme recouverte par les dépôts organiquement construits du faciès urgonien. .
![]() Coupe transversale à la crête des Rochers du Ranc des Agnelons (le profil en blanc suit les tracés des deux ravins qui convergent vers le haut à la Double Brèche). d.A = discordance "des Agnelons", la plus visible dans le relief : elle suit le pied de la falaise de rive gauche du ravin oriental de la Double Brèche ; elle court également à une dizaine de mètres sous le sommet des abrupts occidentaux sur une bonne partie de la crète. Autres abréviations comme sur les autres figures (les subbdivisions internes à l'Urgonien sont arbitraires et n'ont pas de signification sédimentologique) |
2 - En second lieu le relief assez particulier des abrupts supérieurs du versant oriental de la crête, à partir des Rochers de l'Ours (voir la page "Cornafion) jusqu'à l'extrémité des Rochers du Gerbier, a porté à penser (voir la notice de la feuille Vif de la carte géologique) que ce pli est le crochon d'un chevauchement qui aurait tranché son flanc est : la pente topographique correspondrait à une ancienne surface de chevauchement simplement dénudée par l'érosion .
Depuis les Rochers de l'Ours jusqu'au Ranc des Agnelons inclus, le revers oriental de la crête du chaînon se fait remarquer par l'absence de vraie falaise, à la différence de ce qui se produit plus au sud aux Arêtes du Gerbier (voir la page "Cornafion"). Au nord les couches, sub-verticales, de l'Urgonien sont tranchées en sifflet par une surface topographique régulièrement inclinée à plus de 45° : il paraît très plausible que cette dernière soit d'origine tectonique et corresponde une surface de chevauchement dénudée par l'érosion car ces couches sont affectées par des failles à vergence ouest moins inclinées que le versant que l'on est tenté d'attribuer à des cassures secondaires "de Riedel" induites par une cassure majeure. |
Dans les pentes du Cornafion l'azimut de cette surface est N40, comme l'axe du pli mais, comme lui aussi elle passe à N10 au sud du Col Vert. Ces deux valeurs ne correspondent en fait à aucun des accident qui se manifestent au nord du Col de l'Arc. Par contre elles rendent très plausible l'hypothèse que ce rebroussement du synclinal du Cornafion soit le fait du chevauchement de l'Éperrimont, d'autant mieux que l'extension N-S à laquelle il se limite correspond au même intervalle latitudinaire (voir les pages "Gerbier" et "Éperrimont").
Cette disposition semblait même attestée (à tort en fait) par la structure du Ranc des Agnelons. Mais, bien que celle-ci ne représente en définitive pas le crochon d'un tel chevauchement, cela n'empèche pas d'envisager que sa surface topographique pentée vers l'est soit bien celle, dénudée, d'un ancien chevauchement.
Or la construction d'une coupe transversale montre que le prolongement de cette surface vers le bas aboutit dans le haut vallon du Lavanchon qui sépare du versant principal de la montagne son ressaut constitué par la Crête du Pieu et de l'Éperrimont. C'est aussi là qu'aboutit précisément la surface de chevauchement de l'Éperrimont, à l'extrémité ouest de son tracé de redoublement de la barre tithonique (voir la page "Éperrimont").
![]() Coupe transversale à la crête orientale du Vercors, entre Villard-de-Lans et Vif. ØE = chevauchement de l'Éperrimont ![]() |
Cette interprétation implique toutefois que la surface de chevauchement subisse une modification de son pendage pour passer de celui, fort vers l'est, qui est le sien au niveau de l' Urgonien de la crête du col Vert à celui, presque horizontal qu'elle a sous l'Éperrimont. Le sens de cette inflexion est l'inverse de celui attribuable à une géométrie de rampe correspondant au sectionnement de la barre tithonique : on avait conclu que cette torsion synforme avait été réalisée lors d'un phase tardive de plissement. En définitive il est désormais plus satisfaisant de penser qu'elle a été imposée à la propagation vers l'ouest du mouvement de chevauchement, pour lui faire surmonter l'obstacle constitué par le bourrelet de couches crétacée correspondant au synclinal du Cornafion (voir la page "Eperrimont").
On persiste donc dans les pages du site, à employer le nom de "chevauchement de l'Éperrimont" pour désigner la cassure fortement pentée vers l'est dont on soupçonne l'existence par les effets secondaires qui lui sont attribués sur le versant est de la crête du chaînon du Cornafion. Sans doute vaudrait-il mieux parler, par exemple, de "chevauchement des Agnelons", mais j'ai pour l'instant renoncé à cette modification de nomenclature tectonique car elle implique une révision de trop de textes et de figures du site!). |
En définitive, même s'il est impossible de prolonger simplement le chevauchement de l'Éperrimont avec celui de Saint-Ange leurs analogies portent à penser qu'il s'agit fondamentalement de deux tronçons d'un même dispositif, dissociés par le jeu complexe, à la latitude de Saint-Paul-de-Varces, de la faille en quelque sorte "transformante" du col de l'Arc - Charbonniers.
On peut enfin se demander de quelle manière ce dispositif de chevauchement se prolongeait plus à l'est dans les niveaux stratigraphiques plus anciens du sillon subalpin. C'est ce que cherchait à illustrer la planche de coupes ci-dessous, où sont comparées les données de plusieurs transversales plus septentrionales. |
![]() même fenêtre ![]() ![]() Coupes comparatives au travers du sillon subalpin aux abords de Grenoble - coupe supérieure (septentrionale) à l'extrémité sud de la Chartreuse ; - coupe moyenne dans les collines bordières au sud-est de Grenoble ; coupe inférieure (méridionale) au sud de Grenoble (Pont de Claix - Vizille). suite de la légende ci-dessous : |
La coupe supérieure montre l'analogie du chevauchement
de Comboire avec les chevauchements du Jalla ( Plutôt que ces deux dernières hypothèses c'est finalement un raccord analogue à celui entre Corenc et Gières (coupe supérieure), avec éventuellement amortissement couches sur couches au sein des Terres Noires, qui paraît en définitive le plus vraisemblable. Par ailleurs cette figure pâtit d'une erreur qui affecte la partie gauche de la coupe inférieure : elle consiste à y avoir voulu raccorder le chevauchement du Moucherotte à celui de Saint-Ange, sans mettre en cause cette interprétation, largement admise à l'époque et explicitée par la notice de la feuille Vif de la carte géologique. C'est pourtant dans la note même où cette figure a été publiée (voir la publication n° 094 ) que j'avais mis en évidence l'intervention de deux phases distinctes de déformation dans la structuration des abord nord de Grenoble ... |
Complément relatif à l'historique des conceptions tectoniques :
![]() Trois coupes "sériées" de la bordure orientale du Vercors au SW de Grenoble Ces coupes parallèles illustraient la conception développée par l'auteur en 1981, quant aux transformations que subit du nord (1) au sud (3) le grand accident, supposé unique, alors appelé chevauchement Jalla-Moucherotte. Ce dernier accident était interprété comme résultant d'un rejeu post-miocène d'un chevauchement précoce (plus modeste), antérieur à la formation des grands plis (synclinal de la Fauge, anticlinal de Sassenage et synclinal du Néron) et aurait été tordu lors de la formation de ces plis (ce qui paraissait patent au niveau de la coupe 2). |
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Carte structurale schématique En jaune les affleurements de Miocène ; le trait vert correspond à la faille des Presles, le trait rouge au chevauchement de Rencurel et le trait bleu au chevauchement du Moucherotte. Plis (d'est en ouest) : |
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