Seyssins - Fontaine

faubourgs occidentaux de Grenoble

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À la latitude de Grenoble les pentes inférieures du Vercors se partagent en deux secteurs de caractère géologique très différent, de part et d'autre d'une frontière structurale passant entre un secteur nord englobant La Tour Sans Venin et Fontaine, d'une part, et un secteur sud, correspondant à Seyssins - Seyssinet et au Moucherotte, d'autre part.

Cette frontière est constituée par une ligne de cassure par l'intermédiaire de laquelle le chevauchement de la Chartreuse orientale s'inter-connecte, sur la rive gauche de la trouée de l'Isère, avec le chevauchement du Moucherotte qui prolonge le premier, selon toute vraisemblance, au revers occidental de la montagne : pour simplifier on peut la désigner globalement du nom d'accident des Bruziers.
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Le versant oriental de l'extrémité nord du chaînon du Moucherotte vu du nord-est, depuis La Bastille (TsV = La-Tour-sans-Venin).
ac.B = accident (décrochement) des Bruziers ; f.P = faille des Perrières (= chevauchement du Moucherotte) ; s.P = synclinal de Proveysieux (charnière occidentale = flexure de Fontaine) ; s.SN = trans-synclinal de Saint-Nizier (le tracé approximatif de son axe est marqué par un alignement de points blancs) ; a.S = anticlinal de Sassenage (flanc oriental) ; f.Pa = faille de Pariset , f.V = faille des Vouillants.

En effet, au nord de Seyssinet, la limite du compartiment septentrional est soulignée par un rebord rocheux qu'échancrent les entrées des vallées mortes du Désert de J.J. Rousseau, du Désert de l'Écureuil et de la Combe Vallier. Or, le long de ce rebord les couches des calcaires à silex du Sénonien supérieur se rebroussent au point de laisser voir à son pied sud-oriental (que longe la branche supérieure du lacet d la D.106b) les lauzes du Sénonien inférieur. Plus en contrebas ces dernières viennent en contact anormal avec les marnes de Narbonne des abords de Seyssinet par l'intermédiaire d'une lame, épaisse d'une centaine de mètres, de calcaires du Fontanil qui souligne clairement un accident tectonique majeur.
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Les basses pentes du Moucherotte, vues de l'est d'avion.
f.B = faille des Bruziers ; f.P = faille des Perrières ; f.Tsv = faille transverse de la Tour sans Venin ; s.P = synclinal de Proveysieux ; s.V = synclinal des Vouillants (flexure du bord oriental du pli coffré précédent) ; s.sN = synclinal de Saint-Nizier (s'entrecroisant avec le précédent).
Les deux gorges mortes du Désert de J.J. Rousseau et du Désert de l'Écureuil (ainsi, sans doute, que la brèche qui isole La-Tour-Sans-Venin) sont des entailles dans les calcaires à silex du Sénonien supérieur, qui courent à flanc de pente du versant : elles ont dû être creusées par les eaux de fonte du glacier de l'Isère, grossies de celles du Drac : ces dernières contournaient nécessairement le glacier par son flanc ouest pour s'écouler vers l'aval (cette situation correspond à un stade déjà tardif du retrait glaciaire, alors que la surface de la glace ne s'élevait plus que peu au dessus de l'actuel fond de la vallée).
Le dessin de l'entaille boisée qui domine Seyssinet du côté SW (lieu-dit "les Combes") évoque curieusement celle d'un méandre fluviatile : cela suggère que le cours du Drac ait pu faire là de tels méandres avant de s'échapper par les brèches des deux "Déserts", à l'époque où existait encore un barrage glaciaire appuyé sur le verrou de Fontaine.

Les caractéristiques de cette faille des Perrières de Fontaine, évoquent clairement celles que l'on observe, sur l'autre rive de l'Isère, le long du chevauchement de la Chartreuse orientale : dans les deux cas le Sénonien du compartiment chevauché est tordu en crochon synclinal et supporte les calcaires du Fontanil du compartiment chevauchant, rebroussés en crochon anticlinal (voir notamment la page "Aiguille de Quaix"). En outre le tracé de cet accident tectonique prend naissance, en marge de la plaine alluviale, presque dans le prolongement du tracé qui est celui de ce chevauchement de la Chartreuse orientale au pied du Néron, simplement au prix d'un décalage d'environ 1 km vers l'est.
Par contre il faut remarquer que son orientation est moins méridienne, puisque à peu près N45 (et non N10)
.

Le rebroussement des couches du compartiment septentrional pourrait être considéré comme le simple prolongement de la charnière orientale du synclinal de Proveysieux, n'était cette direction, proche de N45, de son axe et le fait que le cœur de Miocène de ce pli, qui est largement conservé en rive droite de l'Isère, n'est ici respecté par l'érosion que tout en haut des pentes, à Saint-Nizier même. Cela implique une remontée du fond du synclinal de Proveysieux que l'on peut expliquer par le fait qu'il est traversé en biais, dans ce secteur, par un pli oblique, le trans-synclinal de Saint-Nizier, dont l'axe est précisément proche de N45 (voir la page "tectonique du Vercors nord-est"). On peut finalement assimiler le rebroussement de la bordure méridionale des affleurements sénoniens de synclinal de Proveysieux à une accentuation de la charnière de ce pli tardif (peut-être contemporain, précisément, de la formation du chevauchement de la Chartreuse orientale).

À l'ouest de Seyssinet la continuité de ce dispositif est interrompue par la faille NW-SE de la Tour-Sans-Venin, qui introduit un décalage cartographique dextre et à l'ouest de laquelle se développe l'importante lame d'Urgonien des Bruziers. En fait cette dernière, disposée verticalement, vient simplement compléter vers le bas la série stratigraphique du rebord rebroussé du synclinal des Vouillants - Proveysieux. Par contre elle est orientée selon un azimut proche de E-W, donc très oblique à l'axe de ce pli, qui passe sensiblement au Grand Pariset ; de plus elle est coupée en biseau du côté sud par la faille des Bruziers, de même orientation et dont il est clair qu'elle se prolonge à l'ouest en tranchant le pied des couches urgoniennes des Trois Pucelles : il apparaît donc qu'elle décale ces couches urgoniennes, verticales dans les deux cas, avec un rejet horizontal dextre de presque 2 km.

Il s'agit du rejet mesuré le long du tracé de la cassure, mais l'attitude verticale des couches décalées ne laisse aucun doute sur son caractère décrochant. Bien que sa lèvre méridionale soit largement masquée, l'accident des Bruziers a un tracé apparemment assez rectiligne : cela suggère qu'il s'agit d'une faille très redressée, même si l'on ne connaît pas vraiment l'attitude de sa surface de cassure. En outre tout plaide, notamment le décalage de la bande des calcaires du Fontanil des Pierrières, pour prolonger ce décrochement jusque à la vallée du Drac, en passant au sud du cœur ancien du village de Seysssinet.

Globalement les couches se rebroussent donc, dans ce secteur, en un crochon orienté NE-SW à E-W contre une cassure de même orientation qui en surélève le compartiment méridional. Mais il n'est pas possible de voir dans cette dernière une surface de chevauchement, en raison de son pendage apparemment très redressé et surtout de son orientation, trop oblique au système de plis et chevauchements de la région. En fait l'accident des Bruziers, qui matérialise la limite entre le domaine méridional, chevauchant, du Moucherotte et celui septentrional, autochtone, de Pariset est plus vraisemblablement l'expression du jeu d'une déchirure sub-verticale, de type transformant, qui a décalé, par un jeu en coulissement dextre les deux tronçons, de la Chartreuse orientale et du Moucherotte, d'un unique grand chevauchement.


figure agrandissable
Schéma perspectif de la structure de l'extrémité septentrionale du chaînon du Moucherotte
ØM = chevauchement du Moucherotte ; ØS = chevauchement de Sassenage ; s.SN = trans-synclinal de Saint-Nizier (tordant ici le synclinal de Proveysieux, s.P, d'orientation plus méridienne) ; a.S = anticlinal de Sassenage.
N.B. figure en projet de retouches :
a) L'accident des Bruziers recoupe en fait transversalement le chevauchement des Perrières (ici en bleu) ; celui-ci représente la partie plus septentrionale du chevauchement du Moucherotte (il devrait être en rouge), décalée vers l'est par ce décrochement dextre.
b) ajout d'une cassure secondaire de décrochement, parallèle à celui des Bruziers, entre Pucelles et Moucherotte.


Mais il ne suffit pas d'assimiler cet accident des Bruziers à une déchirure décalant ces deux tronçons de la dalle rocheuse chevauchante car il affecte également son autochtone : cette déchirure correspond donc en fait à celle par laquelle le chevauchement s'interrompt du côté NW obliquement à son déplacement, c'est-à-dire sa rampe latérale de détachement. Le schéma ci-après montre, conformément à cette interprétation, que la surface de chevauchement de Comboire - Saint-Ange bute (en profondeur) contre l'accident des Bruziers et se raccorde pratiquement à lui dans des rapports latéraux du type palier / rampe.

Commentaires complémentaires relatifs aux deux schémas ci-dessus :

Les couches verticales de Trois Pucelles sont orientées N-NE - S-SW (plus précisément N25), comme celles de la charnière qui court au flanc ouest du Moucherotte (dont elles font partie). Elles sont tranchées en décrochement par la cassure verticale de l'accident des Bruziers. À cette occasion l'azimut des couches du compartiment septentrional de cette cassure s'infléchit jusqu'à atteindre N70, ce qui dénote une torsion en crochon* de coulissement dextre.
Au sud-est de La Tour Sans Venin, le prolongement du chevauchement du Moucherotte (faille des Perrières), décalé dans le sens dextre, rebrousse le Sénonien du flanc oriental du synclinal de Proveysieux (dont le coeur correspond au bois des Vouillants, à la limite septentrionale de la figure), en accentuant le pendage du flanc sud-ouest du trans-synclinal de Saint-Nizier.
Le synclinal de Saint-Nizier est un pli très ouvert qui se superpose obliquement, d'une part au prolongement méridional de celui de Proveysieux (dont le coeur correspond au bois des Vouillants), d'autre part à l'anticlinal de Sassenage (qui plonge ainsi vers le sud, sous Saint-Nizier).


Ce secteur a fait l'objet de la publication suivante : DEBELMAS J. (1965). - Quelques observations nouvelles sur l'extrémité nord-orientale du massif du Vercors. Trav. Lab. Géol. Grenoble t.41, p. 275-281.



Carte géologique très simplifiée de la partie orientale du Vercors à la latitude de Grenoble.
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
légende des couleurs


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Grenoble et Vif

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