Le relief des chaînes subalpines de la moyenne Durance


Les chaînons subalpins de rive gauche de la Durance entre Gap et Digne s'individualisent nettement, par rapport aux autres secteurs qui les encadrent, par un trait particulier de leur relief : c'est le fait que ces montagnes constituent une longue dorsale qui s'allonge presque N-S.

Il y affleure presque exclusivement des couches d'âge antérieur au Jurassique supérieur (c'est-à-dire Trias à Bajocien) alors que son pourtour est formé de roches plus récentes (en premier lieu de Terres Noires d'ailleurs). Cela traduit le fait qu'elle correpond à un dispositif structural globalement anticlinal (bien que très accidenté dans le détail). Cette dorsale représente donc une sorte de "mont dérivé*" au coeur d'une vaste boutonnière* ouverte à travers la partie supérieure de la succession stratigraphique : l'effet de l'érosion a été d'en dégager en saillie la voûte anticlinale en la décapant, avant de la disséquer.

Presque partout cette boutonnière est délimitée du côté extérieur par un rebord qui la ceinture ; il est formé par la corniche tithonique, laquelle domine un sillon subalpin ouvert comme partout ailleurs dans les épaisses marnes des Terres Noires callovo-oxfordiennes, mais ici inhabituellement élargi. La cause en est que dans cette marge externe du bombement les pendages sont souvent modestes et les couches seulement affectées par des plissements de faible ampleur, de sorte que l'érosion a pu y mettre à nu les Terres Noires sur de larges surfaces : c'est notamment le cas dans le nord du Gapençais (pentes septentrionales du "sillon de Gap") où de part et d'autre du lit de la Durance en amont de Sisteron ("dépression de Laragne"), entre les Baronnies proprement dites et les "Baronnies orientales" drainées par le Sasse.

La bordure occidentale au sud de Sisteron se distingue des autres par le fait que l'on y voit aucune trace de sillon subalpin. La raison en est que cette bordure a subi la transgression de la mer du Néogène, dont les dépôts s'étendent jusque à s'appuyer sur le coeur du bombement (sans doute à la faveur du fait que ce dernier avait été déjà ébauché lors du Paléogène).


figure agrandissable
Carte schématique des chaînes subalpines méridionales
montrant notamment les rapports entre le Dôme de Remollon et la nappe de Digne et l'affrontement direct des chaînons de Digne avec les dépôts néogènes du bassin de Valensole.

Dans le détail les formes de relief prédominantes sont assez différentes, selon que l'on considère le côté oriental ou occidental de cette dorsale des chaînons subalpins entre Gap et Digne :

- Du côté oriental, c'est-à-dire dans le secteur d'affleurement prédominant du matériel de la nappe de Digne, se dessinent principalement des montagnes molles dissymétriques avec un versant (le plus souvent septentrional) franchement moins raide formant une succession de cuestas correspondant chacune aux différents niveaux des couches argilo-calcaires du Jurassique moyen (Dôme de Remollon, abords de Seyne-les-Alpes) : les principaux niveaux qui forment les ressaut sont ceux du Bajocien inférieur et de l'Aalénien inférieur, ce dernier plus facilement effacé d'ailleurs. Les parties les plus profondes des entailles des vallées (La Durance à Serre Ponçon, gorges de la Blanche et Clue de Verdaches sur le Bès) s'encaissent souvent entre des parois raides entaillées dans l'épaisse succession du "Lias calcaire" (Hettangien à Carixien) mais celle-ci s'individualise parfois elle même en un crêt plus puissant, tel celui de la montagne de Blayeul.

- Du côté occidental, dans le domaine des lobes chevauchants en avant du front de la nappe de Digne, le relief est plus nerveux : ceci est dû d'une part à la préservation, à la faveur de synclinaux, de panneaux de Tithonique et, d'autre part du fait que les faciès du Lias inférieur sont beaucoup plus calcaires. L'un comme l'autre de ces deux niveaux forment, selon les pendages qui leur ont été conférés par la tectonique, soit des falaises de rebord de crêt si ce pendage est faible (Reynier, Monges, Géruen, Montagne de Gache, Saint-Geniez, Barres de Chine), soit des arêtes rocheuses relativement acérées (Sisteron, Barre des Prises au Caire, Rocher Chabrier, Le Barri et la crête de la Clue de Barles et les Barres de Proussier) si le pendage approche de la verticale.

En outre ces crêtes sont souvent séparées par des dépressions comme celle de Barles, de Bayons, de Turriers et celle de La-Motte-du-Caire, qui correspondent le plus souvent à des anticlinaux éventrés laissant voir les Terres Noires de leur cœur (relief jurassien inversé)

Un autre cas plus exceptionnel de nervures rocheuses saillantes est celui des crêtes qui sont armées par des grès et des conglomérats du Tertiaire dont les bancs ont été redressés jusqu'aux abords de la verticale. Des exemples en sont fournis par la Crête des Plauts à Turriers, celle de la Colle à Esclangon et celle d'Auribeau - col de l'Hysope, en bordure nord de la vallée des Duyes.

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